L'article du mois
(mars 20213)

La machine à traire est elle stressante pour la chamelle ?

Brahmi M, Atigui M, Hammadi I, Portanguen J, Hammadi M and Marnet P-G., 2021
Oxytocin and cortisol release during suckling, hand-milking and machine milking in camels. Journal of Dairy Research, 88(3), 278-285.
(article en open access) https://doi.org/10.1017/S0022029921000522

Mettre en œuvre une traite mécanique de la chamelle est une pratique en plein développement. Pourtant, la facilité de traite est moins évidente que pour les autres espèces laitières telles que la chèvre, la vache ou la brebis. Disposant d’un rapport lait citernal/lait alvéolaire moins avantageux (en moyenne 7%/93%), la traite en milieu intensif sans la présence du chamelon implique une plus longue stimulation et un niveau de vide plus important que pour la vache. Dès lors, on peut se poser la question du stress engendré par la traite mécanique. Pour évaluer ce stress, une équipe franco-tunisienne a cherché à déterminer le niveau d’ocytocine (l’hormone qui permet la descente du lait) et de cortisol (l’hormone du stress) au cours de la tétée, de la traite manuelle et de la traite mécanique en présence ou non du chamelon, et de tester si la libération de ces hormones pouvait être régulée par le comportement maternel. Le niveau plasmatique de ces hormones a ainsi été mesuré chez 6 chamelles tunisiennes au cours de deux épisodes de tétée, deux épisodes de traite manuelle en présence du chamelon et de deux épisodes de traite mécanique sans la présence du chamelon. Différents profils d’ocytocine ont été observés, mais globalement le pic d’ocytocine est apparu plus élevé au cours de la tétée (environ 250 pg/ml) qu’au cours de la traite manuelle (environ 200 pg/ml) et surtout qu’au cours de la traite mécanique (environ 60 pg/ml). En revanche, il n’y a pas eu de différence significative dans les niveaux de cortisol, indiquant qu’avec des bonnes pratiques de traite, l’usage de la machine à traire n’est pas particulièrement stressante. En revanche, le niveau plus faible d’ocytocine en cas de traite mécanique sans la présence du petit peut être associé à un défaut du comportement maternel (préférence pour la présence du chamelon) d’une espèce peu sélectionnée sur la production laitière, et secondairement, par la plus faible stimulation obtenue avec la machine à traire.

Les chercheurs continuent d’explorer les gènes des grands camélidés
Photo © B. Faye

 

 


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