Comment le dromadaire contrôle-t-il la température de sa peau face aux chaleurs extrêmes ? 
(octobre 2014)


Photo : B. Faye

La compétence physiologique du dromadaire pour résister aux fortes chaleurs est proverbiale. Elle est la marque de son adaptation à la vie dans les déserts où s’associent chaleur et sécheresse. On connait les mécanismes qui permettent à un organisme soumis à une forte chaleur de dissiper celle-ci par la vasodilatation périphérique dans des régions anatomiques « spécialisées » qui jouent ainsi le rôle d’échangeur avec l’environnement. Ces régions sont caractérisées par un rapport surface/volume important, l’absence de toison et un réseau dense de vaisseaux sanguins. Certains auteurs parlent même de « fenêtre thermique ». Où se situent ces « fenêtres » chez le dromadaire ? L’utilisation d’appareils de thermographie infrarouge a permis de grands progrès dans la compréhension de ces phénomènes. C’est à quoi ce sont engagés des chercheurs saoudiens qui ont voulu visualiser ces « fenêtres thermiques » du dromadaire, et mesurer par la même occasion les variations thermiques à la surface de la peau ainsi que le taux de sudation.


Photo : B. Faye

Dans leur expérimentation réalisée en plein été, la température extérieure a varié entre 26 (6h du matin) et 48°C (vers 12h) au cours de la journée. La température moyenne de la peau suit un rythme semblable avec un minimum vers 6h du matin (34°C) et un maximum vers 15h (37°C). Le taux de sudation suit une courbe semblable mais avec une plus grande inertie puisque le minimum s’observe à 3 h du matin (23 g/m²/h) et un maximum entre 12 et 18h (47g/m²/h). Quant à la variabilité en fonction des régions anatomiques, aucune différence notable n’a pu être observée que ce soit pour la température moyenne de la peau ou le taux de sudation. En revanche, la plus forte variation circadienne de la température de surface a été observée sur la bosse et la plus faible sur les flancs et les aisselles. Par exemple, la température de surface a varié de 27,5 à 46,3°C sur la bosse alors qu’elle n’a varié que de 33,8 à 39,6°C sur les flancs ! La bosse épouse donc plus étroitement les variations circadiennes de la température externe.

Le fait qu’on n’observe pas de différences dans le taux de sudation entre les régions anatomiques est lié à la répartition somme toute assez régulière des glandes sudoripares chez le dromadaire, contrairement à beaucoup d’autres espèces qui concentrent les glandes sudoripares dans certaines zones du corps (les aisselles et le front chez l’homme par exemple). Il apparait également que les flancs et les aisselles jouent chez le dromadaire le rôle de fenêtre thermique par où se dissipe la chaleur pendant la nuit, la vasodilatation s’y maintenant, expliquant par la même occasion la plus forte température. Ces zones sont moins couvertes par la toison, contrairement à la bosse. En fait le dromadaire fonctionne comme un radiateur à convection, dissipant la nuit, la chaleur accumulée dans la journée, ce qui représente un formidable mécanisme d’économie de l’eau.

 


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