Le dromadaire en Italie : une brève histoire
(janvier 2016)

Maurizio Dioli, bien connu des camélologues, s’est intéressé à l’histoire de son animal favori en Italie, retracée rapidement lors d’une conférence en Grande-Bretagne. Il est donné ici un bref aperçu de cette intéressante conférence. Si la présence du dromadaire est attestée dans l’Empire Romain (voir l’article du mois « les chameaux e l’Empire romain »), notre animal ne se concentrait pas uniquement dans les zones arides envahies par l’armée romaine comme au Moyen-Orient, mais bien aussi en Europe puisque les traces archéologiques confirment sa présence le long des grandes voies romaines, soulignant son rôle dans le transport des marchandises jusque dans l’actuel Belgique. Le dromadaire se retrouve aussi dans de nombreuses représentations (peintures, sculptures, armoiries) de plusieurs municipalités ou maisons particulières tout au long du Moyen-âge (à Milan, Florence, Bologne, Mantoue, Turin et d’autres), soulignant donc sa présence non anecdotique, d’autant qu’il est attesté par un ouvrage (Tacuinum Sanitatis, autrement dit « la table saine ») que la consommation de viande de dromadaire tout au long des XIV-XVe siècle était conseillée. Plusieurs gravures médiévales montrent du reste des bouchers débitant des carcasses de dromadaires dans les étals du pays.
Des documents font d’ailleurs état d’un élevage de dromadaires d’origine tunisienne (don du Bey de Tunis à Ferdinand II de Médicis) en 1622 dans le village de San Rossore près de Pise. D’autres cadeaux du même genre coururent tout au long du XVIIe siècle auxquels s’ajoutèrent des prises de guerre lors de la bataille de Vienne contre l’Empire Ottoman en 1683 où 10000 dromadaires étaient engagés.
L’élevage camelin de San Rossore dura longtemps puisqu’on retrouve des cartes postales attestant de leur utilisation comme animal de bât, voire de selle, jusque dans les années 20 du XXe siècle ! La population cameline en Italie a sans doute fluctué au cours de ces siècles mais un recensement de 196 têtes est confirmé en 1789. Après cette date, les chiffres disponibles indiquent une lente érosion des effectifs : par exemple, 170 en 1810, 122 en 1852, 110 en 1910, 60 en 1935. La ferme de San Rossore connaitra une fin brutale en 1944 pendant la seconde guerre mondiale, les derniers animaux ayant été abattus pour leur viande. Des tentatives de réintroduction en 1956 n’eurent qu’un faible effet sur les effectifs italiens. La population des camello italiens de marginale est désormais passée au stade anecdotique. Peut-être que dans le contexte des changements climatiques, retrouvera-t’il sa place : le Mezzogiorno n’est pas très éloigné des côtes tunisiennes...

photo B. Faye
Depuis la Tunisie, je vois l’Italie...
Photo B. Faye

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