Les dromadaires d’Afrique méridionale
(février 2015)

Chacun sait que le dromadaire est associé au Sahara, le grand désert qui occupe une bonne partie de l’Afrique du nord. Et même si son aire de répartition a tendance a augmenté, il n’en reste pas moins un animal qui naturellement n’est pas capable de passer la barrière équatoriale. On imagine mal des caravanes, passer au travers la grande forêt équatoriale ! Et pourtant, il existe quelques troupeaux dans le sud de l’Afrique. Trevor Wilson, un camélologue britannique réputé, a fait un bilan de la présence du dromadaire dans 7 pays de l’Afrique septentrionale dans un article publié dans African Journal of Agriculture Research (vol 8(28), 3716-3723), avec photos à l’appui.

L’introduction du dromadaire dans le Sud de l’Afrique n’est pas nouvelle. A l’époque coloniale, policiers, militaires, postiers et chercheurs avaient importés des dromadaires comme animaux de monte et de bât ou pour des expérimentations sur la peste bovine, à l’époque où la maladie décimait les troupeaux bovins. La présence de zones désertiques (le Kalahari notamment) tant en Namibie qu’au Botswana, en a sans doute facilité l’idée. La première introduction daterait en effet de l’année 1861, soit à peu près au moment où les exportations vers l’Australie se mettaient en place. Jusqu’en 1980, la police du Botswana utilisait des dromadaires en service et récemment, leurs descendants ont été transférés dans des villages dans le cadre de projets d’écotourisme. Mais quel est le bilan de ces introductions dans l’ensemble des pays de la région ? Car si Namibie et Botswana peuvent se prêter, du fait de leur écosystème, à l’introduction du dromadaire, qu’en est-il des pays tels que le Mozambique, la Zambie, le Swaziland, le Lesotho, le Zimbabwe et la Tanzanie ?

Au Mozambique, les premiers dromadaires au nombre de 34 arrivèrent en 1903 depuis le Pakistan pour être transporter à Salisbury (actuellement Harare au Zimbabwe), mais on ne sait pas ce qu’ils sont devenus…Plus tard, le Mozambique reçu 4 animaux de Libye, cadeau du président Kadhafi, et quelques têtes provenant du Kenya pour des besoins touristiques. Mais mal adaptés au climat local, la mortalité s’est avérée élevée et en 2012, il ne restait que 3 individus ! Au Zimbabwe aussi, le leader Libyen offrit des dromadaires à son homologue Mugabe.

En Zambie, la première mention de la présence d’un dromadaire date de 1896 (pour la traction), et au cours de la première guerre mondiale, des rebelles allemands venant de Namibie s’introduisirent dans la colonie anglaise de Zambie avec quelques dromadaires. Mais, il n’en reste apparemment rien…

Au Lesotho et au Swaziland, tout comme au Mozambique et au Zimbabwe, Khadhafi a été un pourvoyeur assidu de quelques têtes de dromadaires, qui ont subi bien des problèmes sanitaires et qui, comme dans les autres pays bénéficiaires, survivent tant bien que mal, sans grand espoir d’une quelconque conquête de nouveaux territoires. Au Malawi, quelques têtes d’origine non clarifiée, sont présentes dans un parc animalier près du lac Malawi et dans une plantation de canne à sucre du sud du pays où ils sont utilisés par les patrouilles de sécurité comme animal de selle.

Enfin la Tanzanie, où la présence des dromadaires est attestée en nombre plus important qu’ailleurs (un troupeau de 48 animaux en provenance d’Ethiopie notamment), est sans doute le seul pays de la région qui, en continuité avec le Kenya dont la population est en forte croissance (plus d’un million de têtes), est susceptible de connaître un développement de cet élevage. Mis à part, l’introduction de l’espèce dans la zone du désert du Kalahari qui a connu une certaine pérennité (la Namibie a déclaré officiellement son troupeau de dromadaires à la FAO et fait partie désormais des pays « camelins » sur le site FAOstat), l’envoi de quelques animaux surtout dans le cadre d’échanges diplomatiques dus au fantasque Kadhafi n’a pas connu de lendemains prometteurs. Le dromadaire aime son désert avant tout… et les nomades qui vivent avec lui !


photo F. Brey
Le dromadaire aime d’abord son désert...
Photo F. Brey

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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