Le chameau de Bactriane est-il sensible au MERS-Coronavirus ?  nouveau

Quelques publications ont indiqué que les pays d’élevage du chameau de Bactriane étaient indemnes du Coronavirus responsable du MERS (Middle-East Respiratory Syndrome), cette zoonose transmise par le dromadaire et qui a touché près de 2300 personnes depuis 2012, dont plus d’un tiers en sont morts, notamment dans les pays du Golfe. C’est ainsi que les chameaux du Kazakhstan, de Chine ou de Mongolie se sont avérés absolument négatifs sur le plan sérologique aussi bien que du point de vue de l’excrétion du virus. La question qui pouvait se poser était la suivante : cette absence de positivité est-elle liée à une quelconque résistance de l’animal ou bien simplement à l’absence de la circulation du virus en Asie Centrale ? Autrement dit, est-ce que le chameau de Bactriane peut être affecté par le virus et le transmettre potentiellement à l’homme ? C’est à cette question qu’ont voulu répondre des chercheurs américains (référence : Adney D.R., Letko M., Ragan I.K., Scott D., van Doremalen N., Bowen R.A., Munster V.J., 2019. Bactrian camels shed large quantities of Middle East respiratory syndrome coronavirus (MERS-CoV) after experimental infection, Emerging Microbes & Infections, 8:1, 717-723). Basé sur le fait que l’aire de répartition du dromadaire et du Bactriane se recoupe partiellement, le risque d’un passage d’une espèce à l’autre est parfaitement envisageable si toutefois, le Bactriane s’avère sensible au virus. Pour ce faire, ils ont testé d’abord la présence du récepteur pour le virus, dénommé DPP4 chez le Bactriane ainsi que son séquençage qui a indiqué une homologie avec celui du dromadaire à 98,3%. Une telle homologie indique clairement la possibilité pour le virus de se fixer chez l’animal et de se multiplier. Ensuite, les auteurs de l’étude ont inoculé par voie intranasale une solution virale à deux chameaux de Bactriane. Comme pour le dromadaire, les chameaux de Bactriane ont développé une infection très atténuée de l’appareil respiratoire supérieur avec des symptômes bénins d’écoulement nasal, mais diffusant une large quantité de particules virales susceptibles de se transmettre à l’homme. Ces symptômes sont absolument comparables à ceux observés chez le dromadaire contaminé expérimentalement (voir notre rubrique « Réplication du MERS-Coronavirus chez le chameau » dans la rubrique camelides.cirad.fr/fr/actualites/archives/arch_actu.html (octobre 2014)). Le risque n’est donc pas nul d’une possible transmission du virus vers les pays d’Asie Centrale. Déjà qu’il a été déconseillé d’embrasser les chamelles dromadaire, va-t-il falloir aussi éviter de telles effusions avec les chameaux de Bactriane ?


Cohabitation entre dromadaire et chameau de Bactriane au Kazakhstan
Photo : B. Faye

 

 


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