La formule sanguine des dromadaires 
(octobre 2004)

Quelles sont les normes sanguines chez les camélidés ?
Voici une synthèse des éléments trouvés dans la littérature scientifique :

Numération érythrocytaire

Photo Cirad
Prise de sang
(Photo Cirad)

Selon les différentes références publiées, la concentration erythrocytaire varie, chez le dromadaire, entre 6 et 10 x 106 /mm3 (tableau 1) avec des extrêmes situés entre 5 (Chartier, 1986 - Mauritanie) et 12,5 x 106/mm3 (Sharma et al., 1973 - Inde) . Au delà des incertitudes sur les méthodes de comptage, des facteurs pathologiques et géoclimatiques peuvent expliquer les variations observées. On sait que l’altitude joue un rôle primordial sur la numération érythrocytaire (polyglobulie d’altitude), et d’ailleurs les petits camélidés andins présentent des valeurs plus élevées (genre Llama). Le chameau de Bactriane, vivant en moyenne à des altitudes plus élevées que le dromadaire, présente également des valeurs nettement plus importantes: 10 à 19 x 106/mm3 vs 6 à 9 x 106/mm3.

Références n Numération
(106/mm3)
Hématocrite
( %)
Hémoglobine
(g/100ml)
Khanna, 1993 - Inde - 7 - 11 28,5 - 30 11 - 15,5
Al-Ani et al, 1992 - Irak 15 9,4 ± 1,8 29,7 ± 3,1 13,1 ± 1,2
Ibrahim et al, 1992 - Bahrein 301 8,3 ± 1,6 28,5 ± 4 11,2 ± 1,5
Abdel Samee, 1989 - Egypte 174 10,5 ± 2,2 28,4 ± 0,4 12,2 ± 0,15
Abdalla et al., 1988 - E.A.U 33 8,8 ± 0,7 31,3 ± 2,8 15,2 ± 1,3
Yagoub, 1988 - Soudan 97 9 ± 1,6 26,4 ± 3,4 12,5 ± 1,5
Chartier, 1986 - Mauritanie 130 5 29,2 - 36,5 11,9 - 14
Faye et al, 1986 - Ethiopie 52 - 22 - 28 -
Musa et Mukhtar, 1982 -Soudan 174 6,1 ± 1,5 25,9 ± 4,5 11,6 ± 2,5
Raisinghani et al, 1981 -Inde 9 - 30,6 ± 0,4 10,2 ± 0,2
Majeed, 1980 - Pakistan 20 6,7 ± 0,17 - 11,1 ± 0,3
Gupta et al, 1979 - Inde 13 5,1 ± 0,3 21,5 ± 1,1 9,2 ± 0,5
Ghodsian et al, 1978 - Iran 99 7 - 7,2 28 - 29 11 - 11,5
Jatkar et Purohit, 1971 - Inde 25 9,8 28,9 12,5
Hassan et al, 1968 - Soudan 45 8,8 - -
Soliman et Shaker, 1967 - Egypte 8 7,2 ± 0,1 43 ± 1,1 13,2 ± 0,8
Lakhotia et al, 1964 - Inde 60 5,4 - 6,5 30,1 - 31,5 11,5 - 11,8
Durand et Kchouk, 1959 - Tunisie 26 9,4 - 7,3 - 14,2 - 10,4
Soni et Aggarwala, 1958 - Inde 95 8,2 ± 2,2 - 15,5 ± 2,4

Tableau 1. Numération érythrocytaire, hématocrite et taux d’hémoglobine
chez le dromadaire selon divers auteurs (NB: ce tableau est loin d’être exhaustif)

Les indices érythrocytaires de Wintrobe

Il s’agit d’indices calculés à partir des données précédentes. Ils sont utilisés pour typer les anémies. Il s’agit de :

  • VGM = volume globulaire moyen (ou MCV = mean corpuscular volum) mesuré en fentolitres (fl),
  • TCMH = teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine (ou MCH = mean corpuscular haemoglobin) ce qui correspond au poids moyen en hémoglobine dans une hématie, exprimé en picogrammes (pg),
  • CCMH = concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine (ou MCHC = mean corpuscular haemoglobin concentration) mesurée en g/dl ou en % d’hémoglobine dans l’hématie.
Espèces Erythrocytes Hémoglobine Hématocrite VGM TCMH CCMH
dromadaire 5 - 11 9,3 - 15,5 21,5 - 43 28,3 - 60 9 - 21,5 27,1 - 54,4
bovin 5 - 10 8,0 - 15,0 24,0 - 46 40,0 - 60 11 - 17 26, 0 - 36,0
ovin 8 - 16 8,0 - 16,0 24,0 - 50 23, 0 - 48 9 - 12 29,0 - 38,0
caprin 8 - 18 8,0 - 14,0 19,5 - 48 15,5 - 37 7 - 8 30,0 - 42,0
chien 5,5 - 8,5 12 - 18,0 37,0 - 55 60,0 - 77 19,5 - 24,5 31,0 - 36,0

Tableau 2. Valeurs moyennes des paramètres
érythrocytaires chez différentes espèces domestiques

Numération et formule leucocytaire

Les globules blancs du dromadaire ne montrent aucune adaptation fonctionnelle apparente à la vie en milieu désertique. Ils ont les mêmes fonctions que chez les autres mammifères. Ils interviennent donc dans les phénomènes inflammatoires et les mécanismes de défense contre les infections.

1. Numération leucocytaire

Les valeurs répertoriées dans la littérature s’inscrivent dans un éventail assez large variant entre 9,7 et 20,1 x 103/mm3 (tableau 3). Les valeurs normales se situent généralement entre 10,5 et 15,5 x 103/mm3 ce qui conduit à considérer que le dromadaire présente des valeurs en moyenne supérieures à celles des ruminants. En effet, chez les bovins et les ovins, la numération leucocytaire se situe dans un intervalle compris entre 4 et 12 x 103/mm3 avec une moyenne de 8 x 103/mm3 et celle des caprins dans un intervalle de 4 et 13 x 103/mm3, avec une moyenne d’environ 9 x 103/mm3. Chez le chameau de Bactriane, les valeurs répertoriées sont en moyenne plus élevées et sont comprises entre 8,6 et 16,5.

Références n numération leucocytaires
(103/mm3)
Al-Ani et al, 1992 -Irak 15 10,0 ± 1,8
Ibrahim et al, 1992 - Bahrain 186F et 115M 12,9 ± 3 (F) 9,7 ± 2 (M)
Abdel Samee, 1989 - Egypte 174 14,2 ± 0,2
Yagoub, 1988 - Soudan 97 12,9 ± 2
Chartier, 1986 - Mauritanie 130 13,8 à 16,8 **
Musa et Mukhtar, 1982 - Soudan 174 12,6 ± 5,2
Majeed, 1980 - Pakistan 10F et 10M 10,5 ± 0,4
Gupta et al, 1979 - Inde 9F et 4M 10,4 ± 0,6
Ghodsian et al, 1978 - Iran 99 15,2 à 16,7 *
Sharma et al, 1973 - Inde 6 15,2 ± 0,7
Jatkar et Purohit, 1971 - Inde 25 17,2
Hassan et al, 1968 - Soudan 45 15,5
Soliman et Shaker, 1967 - Egypte 8 12,5 ± 0,9
Lakhotia et al, 1964 - Inde 60 11,3 à 12,8 **
Durand et Kchouk, 1959 - Tunisie 26 15,5
Soni et Aggarwala, 1958 - Inde 95 20,7 ± 3,6
* suivant les classes d’âge
** suivant les classes d’âge et le sexe

Tableau 3. Numération leucocytaire relevée par divers auteurs
chez le dromadaire

2 . Formule leucocytaire

Les proportions des différents types de globules blancs (ce qui constitue la “formule leucocytaire”) est éminemment variable d’un auteur à l’autre comme on peut le constater dans le tableau 4. Cependant, quelles que soient les valeurs observées, il ressort une forte particularité du dromadaire en comparaison aux autres herbivores domestiques: la prédominance des polynucléaires neutrophiles qui représentent en effet 37 à 60% des leucocytes chez le dromadaire alors que les lymphocytes prédominent chez les bovins et les petits ruminants. On attribue cette différence au stress lié au prélèvement sachant qu’une contention sévère est souvent nécessaire chez le dromadaire au moment de la collecte de sang, mais cette hypothèse est loin d’être établie. Par ailleurs, cette particularité hématologique paraît encore plus marquée chez le chameau de Bactriane chez qui le taux de polynucléaires neutrophiles s’établit entre 55 et 79%.
Le taux de lymphocytes est généralement compris entre 29 et 63 % avec une moyenne plutôt située en dessous de 50%, à l’inverse donc des autres herbivores domestiques. Ce taux est encore plus faible chez le chameau de Bactriane, puisque les valeurs moyennes se situent entre 18 et 33% seulement. Le taux de lymphocytes aurait tendance à augmenter chez l’animal adulte, mais tous les auteurs ne sont pas d’accord. Il serait également supérieur chez le mâle selon quelques auteurs.
Les polynucléaires basophiles sont en petit nombre et leur taux se situe selon les auteurs entre 0 et 1%, ce qui ne distingue pas le dromadaire des autres espèces. A l’inverse des précédents, le taux de neutrophiles diminue chez l’adulte, mais là aussi, tous les auteurs ne s’accordent pas. Enfin, le rapport lymphocytes/neutrophiles ne serait pas le même chez les femelles par rapport aux mâles, le taux de neutrophiles étant plus élevé chez les premières.
La très forte variabilité du taux de polynucléaires éosinophiles (de 1,5 à 13,8%) est bien entendu à mettre en relation avec les infestations parasitaires fréquentes dans cette espèce, en particulier les parasites gastro-intestinaux, les myases nasales dues à Cephalopina titillator et la trypanosomose due à Trypanosoma evansi. On sait en effet que le parasitisme se traduit par une modification notable de la formule leucocytaire et notamment par une montée parfois spectaculaire du taux d’éosinophiles (éosinophilie parasitaire). Le retour à la normale est effectif en une quinzaine de jours après traitement antiparasitaire. L’éosinophilie observée chez les animaux les plus âgés est à mettre en relation avec l’exposition préalable des adultes au parasitisme. Des différences sexuelles, rarement répertoriées, sont toutefois signalées. L’éosinophilie serait alors plus élevée chez la femelle par rapport aux mâles et chez les mâles castrés par rapport aux mâles entiers quelle que soit leur activité sexuelle.
Le taux de monocytes varie généralement entre 1 et 11,6% selon les auteurs, mais semblent augmenter jusqu’à l’âge de deux ans.

Références Neutrophiles Eosinophiles Basophiles Lymphocytes Monocytes
Al-Ani et al, 1992 43,3 ± 7,1 4,6 ± 1,1 0 43,2 ± 8,5 8,8 ± 1,4
Ibrahim et al, 1992 47,0 ± 11 5,9 ± 4,5 0 44,4 ± 11,8 2,5 ± 1,4
Abdel Samee, 1989 41,5 ± 0,9 4,9 ± 0,9 0,03 ± 0 52,6 ± 0,9 1 ± 0,1
Yagoub, 1988 54,2 ± 9,5 5,4 ± 4,4 0,5 ± 0,1 37,7 ± 9,2 2,2 ± 1,6
Chartier, 1985 50 - 60 4 - 6 < 1 30 - 40 1 - 2
Yagil, 1985 33 - 70 0 - 4 0 - 3 21 - 62 1 - 7
Musa et Mukhtar, 1982 55,1 ± 11,5 1,5 ± 0,8 0,16 ± 0,5 33,9 ± 11,4 4,5 ± 1,6
Majeed, 1980 44,6 ± 1,4 7,2 ± 0,4 0,05 ± 0,03 47,5 ± 1,4 1,2 ± 0,1
Gupta et al, 1979 55 ± 4,6 2,6 ± 0,6 0 28,8 ± 4,8 3,7 ± 0,6
Ghodsian et al, 1978 51 - 58 5 < 1 29 - 38 3 - 3,5
Sharma et al, 1973 43,8 ± 7,2 13,8 ± 6,6 0,2 ± 0,14 39,6 ± 8,9 2,6 ± 0,3
Hassan et al, 1968 37 ± 5 7 ± 3 < 1 52 ± 8 4 ± 1
Soliman et Shaker, 1967 31,7 ± 1,1 2,2 ± 0,04 0,7 ± 0,01 63 ± 2,2 2,4 ± 0,3
Soni et Aggarwala, 1958 38,7 ± 8,8 9,5 ± 4,7 < 1 46 ± 9,7 5,7 ± 3,3
Sergent, Poncet, 1942 54,5 3,7 0 30,2 11,6

Tableau 4. Formule leucocytaire chez le dromadaire selon divers auteurs


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