Pathologie - Les endoparasitoses 

Myiase des cavités nasales 


•••Généralités



Larves de l'oestre , la taille atteint 3 cm de long juste avant la pupaison.
(Photo B. Faye)


Oestrose à Cephalopina titillator : une infestation massive du naso-pharynx d'un dromadaire adulte.
(Photo B. Faye)


Mesure barymétrique du périmètre thoracique.
(Photo Cirad-Emvt)

Catégorie

Endoparasitose, myiase.

Synonymes

Oestrose, Nasal bot, Nostril fly.

Autres espèces affectées

L'oestose ovine est due à un autre oestre, Oestrus ovis.

Répartition géographique

Connue au Soudan.

Epidémiologie

Des parasites ont été collectés tout au long de l'année sur des dromadaires abattus au Soudan. Les larves du premier stade ont été décelées de décembre à mai soit en saison sèche, ce qui correspond à la période de reproduction des adultes. L'infestation a pu être constatée tout au long de l'année avec une densité variant de 8 à 243 larves par animal. L'infestation serait maximale en saison sèche.
Les dommages causés à la muqueuse étaient parfois considérables.
Des pasteurelles, des corynebactéries et klebsielles ont pu être isolées du mucus nasopharyngé et les auteurs s'interrogent sur le facteur favorisant que pourrait représenter l'infestation par C. titillator dans l'apparition de pneumonies et autres syndromes respiratoires chez le dromadaire. Les vétérinaires coloniaux émettaient l'hypothèse de leur rôle dans la transmission de spores de charbon bactéridien.

Importance de la maladie

Cephalopina titillator parasite très fréquemment les sinus frontaux des dromadaires, le plus souvent de manière asymptomatique. Ainsi, les éleveurs la considèrent souvent comme bénigne.

•••Etiologie

Agent causal

Due à Cephalopina titillator, un oestre (mouche dont la larve est parasite)

Réceptivité

Forte.

Mode de contamination

Par l'alimentation dans les pâturages.
Pénétration digestive.

Pathogénie

Cephalopina titillator est un insecte qui a une durée de vie très courte à l'état adulte. Ne faisant que rapidement déposer des larves de premier stade, il ne crée aucun inconfort chez le dromadaire.
L'action mécanique des larves peut favoriser l'entrée de spores charbonneuses. Lors de leurs déplacements, les larves transportent des bactéries qui vont être à l'origine de sinusites et de pharyngites.
Des travaux semblent indiquer que, à l'instar de ce qui est observé dans l'oestrose ovine, des phénomènes d'hypersensibilité de type 1 (avec augmentation des Immunoglobines de type E, témoins des allergies) sont à l'origine des manifestations cliniques et lésionnelles. Ceci permettrait d'expliquer l'existence de lésions caractéristiques de l'oestrose chez des animaux peu infestés.

•••Etude clinique et anatomique

Symptômes

Les larves irritent la muqueuse rhinopharyngée par leurs crochets buccaux et leurs épines coniques, ce qui se traduit par une inflammation catarrhale des voies aériennes supérieures dont l'intensité et la gravité dépendent du nombre de parasites. Quand les larves sont mûres, elles gagnent les cavités nasales afin de quitter l'animal pour achever leur développement. Cela entraîne une gène violente qui se traduit par un arrêt de l'alimentation, de l'agitation, des éternuements, des ronflements et l'expulsion des larves. Il peut en découler une baisse de la croissance et une altération de l'état général d'autant plus prononcée que l'infestation a lieu pendant la saison sèche, période de compétition pour la nourriture.
Quand le nombre de larves est important, cela provoque un apport abondant de mucus qui rend la respiration difficile. Toutefois, il semble que la présence de ces larves soit relativement bien tolérée à condition que leur nombre ne dépasse pas une centaine. Les larves peuvent également avoir une action pathogène secondaire en perforant l'ethmoïde et en provoquant la formation d'abcès aboutissant à la compression de l'encéphale. Il s'en suit des troubles nerveux visibles au travers de troubles du comportement : l'animal tombe à terre, fuit le troupeau et devient agressif.
On a pu aussi observer des cas de méningites souvent mortelles.
Il n'est pas rare de voir des dromadaires éternuer et évacuer des larves annulaires blanches de 2 à 3 cm de long.
Exceptionnellement, des troubles nerveux peuvent survenir, avec comportement anormal, agressivité, décubitus et mort. Exceptionnellement, les larves peuvent perforer l'ethmoïde et engendrer des abcès comprimant l'encéphale.

Diagnostic

D'après les symptômes.

•••Lutte

Prophylaxie

Traitements préventifs en tenant compte de la période d'infestation maximale (saison sèche).

Thérapeutique

Les traitements traditionnels basés sur l'inhalation de produits éternuants (poudre de tabac, essence, éther, mélange de tétrachlorure de carbone et de lait, broyat de Boscia senegalensis, piment, etc.) visant à faciliter l'expulsion des larves sont insuffisants. Divers insecticides organophosphorés (coumaphos, trichlorfon, dichlorvos, chlorophos) sont utilisés avec efficacité, mais les délais pour la consommation de lait et de viande peuvent être un frein à leur utilisation. Des produits anthelmintiques halogénés tels le nitroxinil et le rafoxanide ont été utilisés également. Plus récemment, les essais d'injection d'ivermectine (CEVAMEC®) ont montré une grande efficacité lorsque le traitement est réalisé pendant la saison sèche pour diminuer la contamination des pâturages.
Cependant, ce dernier traitement est coûteux (surtout comparé au traitement à base de trichlorfon dans l'eau de boisson) et en tout cas trop cher pour des éleveurs qui considèrent souvent cette maladie comme bénigne.