La laine de chameau et de dromadaire : une filière oubliée
(juin 2006)

Les camélidés sont des animaux présentant un pelage abondant à pousse saisonnière et à qualité variable selon les races et les espèces. Dans cette famille, seul l'alpaga de l'Amérique andine a vraiment fait l'objet d'une recherche appropriée et d'une sélection nette pour la production de laine dont la qualité exceptionnelle justifie un prix très rémunérateur pour les producteurs andins. La laine d'Alpaga est reconnue pour sa finesse et sa résistance.

Alpaga à la toison de grande qualité
Alpaga à la toison de grande qualité
(Photo C. Whitehead)

Chez les grands camélidés, la laine est de meilleure qualité et plus abondante chez le chameau de Bactriane que chez le dromadaire, du fait probablement que le premier doit passer l'hiver dans des pays froids ce qui lui confère une toison avec des fibres plus longues.

Chameaux Mongols à la toison cachemire
Chameaux Mongols à la toison cachemire
(photo G. Laval)

La récupération de la toison chez les premiers, se fait par tonte, notamment au Kazakhstan et en Mongolie. Un mâle peut ainsi fournir plus de 5 kg de toison, mais des chiffres record de 18 kg sont rapportés dans la littérature. C'est le chameau mongol qui semble avoir les fibres les plus fines. Cette race a été sélectionnée depuis plusieurs décennies et on obtient des fibres de type cachemire ce qui permet de réaliser des tissus de grande qualité (cf. article sur le chameau mongol).

Tonte de dromadaire en Inde
Tonte de dromadaire en Inde
(photo B. Faye)

Chez le dromadaire la production lainière est généralement plus faible et la tonte peu pratiquée, sauf en Asie Centrale, notamment au Turkménistan où la tonte est mécanisée. En Inde, la tonte demeure manuelle. Mais le plus souvent, la toison est récupérée en arrachant manuellement les fibres qui se détachent lors des changements de saison.

Les races africaines produisent environ 1kg de toison, parfois moins, certaines races étant même pratiquement " nues " (comme par exemple, la race Guban en Somalie). En Afrique du Nord, il existe des races plus " lainières " qui permettent de récolter jusqu'à 3 kg de toison. Le poil du jeune dromadaire est recherché pour sa qualité supérieure à celle de l'adulte. Vers l'âge de 2 ans, un chamelon peut produire 3 kg de toison.

En Asie la production lainière est plus intégrée dans les filières économiques qu'en Afrique, même si la production par tête demeure parfois faible notamment en Inde et au Pakistan (environ 1kg, mais avec des maximum possibles de 5 kg). Ainsi l'Inde produirait environ 400 tonnes de laine de dromadaire dont une bonne partie est exportée. En Asie Centrale et plus particulièrement en Mongolie, la productivité étant plus importante, les filières sont assez dynamiques et la transformation est plus diversifiée (tapis, vêtements, éléments de décoration) bien que depuis l'indépendance des républiques d'Asie Centrale, on observe un ralentissement de l'activité lainière conséquence de la chute des effectifs d'animaux. Les filières, autrefois relevant du marché d'Etat (production dans des structures collectives), ont subi en effet des restructurations douloureuses avec la privatisation et la production actuelle n'atteint pas encore celle de la fin de la période soviétique.

Tonte mécanique du dromadaire Tonte mécanique du dromadaire Tonte mécanique du dromadaire
Tonte mécanique du dromadaire Arvana au Turkménistan (photo M. Berdiyev)

La laine de dromadaire ressemble au cachemire. C'est une fibre relativement fine (de 9 à 40µ de diamètre) moins bien filable que la laine de mouton car beaucoup plus lisse. La toison des épaules est plus fine et plus longue que celle des autres parties du corps. Le nombre de fibres est d'environ 3300/cm2 de peau chez la femelle et 3500 chez le mâle, mais il existe une forte variabilité individuelle liée, entre autres, à la qualité de l'alimentation et à l'état sanitaire de l'animal. Le parasitisme cutané joue un rôle important dans la perte de qualité (en particulier la gale sarcoptique). La densité est plus élevée chez le chamelon, mais la production globale de laine tend à augmenter avec l'âge et est plus élevée chez le mâle (fibres plus denses et plus longues).

Chameau De Bactriane (race Kazakh) avant la tonte Chameau De Bactriane (race Kazakh) après la tonte
Chameau De Bactriane (race Kazakh) avant et après la tonte (Photo G. Konuspayeva et P. Bonnet)

Le travail de la toison nécessite un nettoyage et un dégraissage préalables. En effet, après tonte ou récupération manuelle, la laine de dromadaire contient 75 à 85% de fibres seulement, le reste étant constitué de graisse (4 à 5%) et surtout de sables et de poussières (15 à 25%). Les fibres filées sont destinées à la fabrication de vêtements, de couvertures, de tentes ou de tapis.

Toile de laine de chameau (sachak) pour conserver le pain
Toile de laine de chameau (sachak) pour conserver le pain
(photo B. Faye)
Toison brute de dromadaire Toison brute de dromadaire
Toison brute de dromadaire
(photo B. Faye)

 


Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
Informations légales © Copyright Cirad 2001 - camel@cirad.fr