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Les surmortalités des dromadaires en Arabie Saoudite : les conclusions du rapport final
(août 2009)
On se souvient des informations largement diffusées dans la presse d’une surmortalité subvenue sur des
dromadaires en Arabie Saoudite (cf. dans notre rubrique «Vie scientifique ; Le point sur les mortalités massives chez le
dromadaire en Afrique et en Arabie Saoudite ». Le rapport final, rédigé par le Dr Abu-Samra du camel breeding,
protection and improvement Centre d’El-Jouf, est désormais disponible.
Les troubles sont apparus dans la région de Wasi-Eldwasir après l’ingestion de son de blé et ont touché aussi bien les
femelles que les mâles. Les principaux symptômes observés étaient : anxiété, fatigue, hyperexcitabilité, salivation, larmoiement,
sudation, incoordination des membres, titubation, voire paralysie, courbure du cou, régurgitation et mort sous 24-48h. Environ 2800
dromadaires sont morts en 12 jours. Le taux de mortalité, une fois les symptômes commencés était de 85 à 90%.
A l’autopsie, ont été relevés une congestion cérébrale, des ecchymoses et des points jaunes sous le gras cutané, des petites
hémorragies sur les organes internes, de l’hépatomégalie (atteinte du foie) et une congestion rénale. A cela s’ajoute le fait que
des symptômes d’irritation des mains et de nausées chez les bergers ayant manipulé le son de blé, que tous les éleveurs ont attesté
que les dromadaires n’ayant pas consonné le son de blé, étaient en bonne santé. Les suspicions se sont donc évidemment portées sur
cet aliment et une possible intoxication.
Un essai a été réalisé sur des dromadaires sains, mais aussi sur des souris, un lapin, et des volailles, à qui il a été donné le
produit incriminé. Les dromadaires ont montré des signes cliniques en moins de 5 heures après l’ingestion du son de blé et sont
morts en moins de 5 jours. Les autres espèces testées, à l’exception des souris, sont mortes en moins de 4 jours avec des symptômes
de nervosité et d’abattement.
Le son de blé a donc été envoyé dans plusieurs laboratoires afin de rechercher le facteur toxique. Les échantillons envoyés à
l’école vétérinaire de Toulouse (France) ont permis d’isoler plusieurs champignons dont deux très toxiques (Aspergilllus flavus,
Aspergillus clavatus). Les échantillons adressés au laboratoire central de Sand Hutton en Grande-Bretagne, ont permis
d’identifier aussi la présence de salinomycine dans le son de blé à raison de 300-400 mg/kg. Cet anticoccidien utilisé chez les
volailles est hautement toxique pour les dromadaires. Par ailleurs, des traces importantes d’aluminium ont été retrouvées dans le
cerveau des dromadaires morts (559 ppm). Des analyses histologiques réalisées en Arabie Saoudite ont confirmé le rôle d’une forte
intoxication sur certains types de lésions (dégénérescence hyaline).
Les enquêtes se poursuivent pour analyser les modalités de contamination de cet aliment distribué aux animaux. Dès lors que
l’arrêt de la distribution des sacs de son de blé incriminés a été décrété, les cas de mortalité se sont aussitôt arrêtés.
Pour en savoir plus : Abu-Samra M.T., 2008. Final report on the mortality of a large number of camels
fed on wheat bran in some of the governorates of the Kingdom of saudi Arabia, Publ. FAO (UTF/SUA/021/SAU) en anglais et arabe, 30 p.
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