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Antoine-Moussiaux A.1, Faye B.2*, Vias G. 3 Téléchargez l'article au format pdf
![]() RESUMEDepuis des générations, les éleveurs nomades ont appris à gérer la santé de leurs troupeaux, et particulièrement de leurs dromadaires du fait de la grande valeur financière de ceux-ci et du capital qu'ils représentent. Ils ont ainsi acquis une connaissance très fine des signes de maladies dans cette espèce, qu'ils classent et nomment selon des systèmes spécifiques. La présente étude s'intéresse à ces connaissances ethnovétérinaires par le biais d'une enquête réalisée auprès d'éleveurs Touaregs du Niger vivant dans les alentours d'Agadez et vise à en rechercher la correspondance avec les connaissances scientifiques actuelles. Les dominantes pathologiques ainsi signalées par les éleveurs comme les plus préoccupantes à leur sens sont les verminoses gastro-intestinales (izni), la diarrhée du chamelon (efay), les infestations par les tiques chez le chamelon (igardan), la variole (erk echik), la gale sarcoptique (ajoud) et les broncho-pneumonies (toza). La présence d'entités mal identifiées est également signalée. ABSTRACTThrough the generations, nomad breeders have been learning about health management of their herds in general and their dromedaries in particular due to the high value of these ones. As a result, they acquired a very good knowledge of the signs of illness in camels, which they recognize and call following their own classification. The present study tries to learn about this ethnoveterinary diagnostic knowledge by a survey among touareg breeders living around Agadez in Niger and attempts to establish the link with modern scientific knowledge. The so determined major pathologies are the gastrointestinal helminthiasis (izni), the camel calf diarrhoea (efay), the tick's infestations of camel calves (igardan), the camelpox (erk echik), the sarcoptic mange (ajud) and the bronchopneumonia (toza). Non identified entities are also reported. INTRODUCTIONAu Niger, pays au climat sahélien sur la majeure partie du territoire, l'élevage de dromadaire est principalement le fait des
Touaregs, des Toubous et des Arabes. Cette activité est essentiellement tournée vers la production laitière pour l'autoconsommation, bien que
la consommation de viande par les populations citadines ne soit pas négligeable. Pour ces populations pastorales, le dromadaire, de par sa
valeur marchande élevée, représente un véritable capital qu'il convient de conserver précieusement et dont seules des circonstances
exceptionnelles peuvent justifier la mobilisation. MATERIEL ET METHODES1. EnquêteL'enquête s'est déroulée de novembre 2003 à janvier 2004, période correspondant au début de la saison sèche et froide faisant
suite à la saison des pluies. Elle a été principalement mise en oeuvre au travers de discussions avec les éleveurs participant au circuit de
collecte de lait organisé pour la laiterie Azla Saveur, son directeur jouant le rôle d'introducteur et d'interprète. Ces discussions furent
répétées à maintes reprises durant les deux mois et demi du séjour sur place, permettant ainsi d'instaurer peu à peu un climat de confiance
nécessaire et de laisser apparaître des détails ou précisions d'importance que seule une longue réflexion pouvait leur permettre de retrouver
et, le cas échéant, de les confronter aux témoignages les uns des autres. Des éleveurs d'autres zones, de passage à Agadez, furent également
interrogés. 2. Les éleveursAu total, 25 éleveurs Touaregs ont participé à l'enquête. Aucune personne interrogée n'était spécialisée dans le diagnostic et
le traitement des maladies animales. Ainsi, chacun des éleveurs avait une connaissance assez complète de la question et pratiquait lui-même la
médecine ethnovétérinaire. Toutefois, certains éleveurs étaient considérés par les autres comme spécialement habiles concernant l'une ou l'autre
intervention de type chirurgical. RESULTATSLes résultats sont présentés par les descriptions des pathologies sous leurs dénominations tamachèques telles qu'elles furent recueillies. Les entités sont regroupées selon leur type en atteintes générales, cutanées, respiratoires, digestives, locomotrices et nerveuses, lésions localisées et intoxications. Au sein de chaque type, les entités apparaissent par ordre d'importance rapportée par les éleveurs. 1. Atteintes GénéralesIzni (photo 1): Deux syndromes distincts sont rassemblés sous cette dénomination. Le premier, de cours chronique, est
un amaigrissement prononcé accompagné d'anorexie et est attribué à l'absorption d'eau croupie, de plantes proches de points d'eau et surtout
à la sous-alimentation. Les éleveurs exprimaient fréquemment l'idée que cette forme d'izni était à la base de toutes les autres maladies
qui profitaient dès lors de la faiblesse de l'animal. Dans le deuxième syndrome, de cours aigu, l'animal atteint s'isole, baraque, larmoie et
a le poil hérissé. La cause invoquée dans ce cas est le surmenage d'animaux non entraînés.
Tataryat : Il s'agit d'une affection mortelle évoluant classiquement en trois jours. La guérison est toutefois possible.
Les symptômes sont de l'abattement, un décubitus latéral abandonné, cou allongé et des larmoiements. Quelques éleveurs mentionnent un gonflement
de la tête (auge) et du cal sternal. 2. Troubles cutanés et parasitisme externeAjoud (photo 2): Les éleveurs décrivent des dépilations étendues, irrégulières, un prurit sévère et une contagion très importante. Les lésions débutent au niveau de la tête et du périnée. L'état général de l'animal atteint peut rester très bon. Des détériorations de celui-ci, voire des mortalités, peuvent toutefois être la conséquence de surinfections bactériennes. Un éventuel caractère anthropozoonotique n'a pas été confirmé par les pasteurs. Concernant l'influence de la saison, c'est durant la saison sèche et froide que les cas sont les plus nombreux et que la contagion se fait le plus facilement, fait à mettre en relation, de l'avis des éleveurs, avec la baisse de température et le regroupement des animaux.
Erk echik : Erk echik est décrite comme l'apparition sur les lèvres et autour des yeux de boutons évoluant en lésions
croûteuses et pouvant se généraliser. Les surinfections ne sont pas rares. La très forte contagion et l'importante mortalité qu'elle entraîne
la placent parmi les contraintes les plus importantes rapportées par les éleveurs. Concernant la transmission, ces derniers soupçonnent
l'intervention des épineux (Acacia spp). Les jeunes animaux entre 2 et 5 ans sont préférentiellement touchés, la maladie s'étendant
ultérieurement aux adultes. Durant la saison sèche et froide, les formes observées sont particulièrement violentes.
Akarê : Les lésions sont apparentées à celles de erk echik mais sont ici limitées au niveau du pourtour des
lèvres et consistent en des boutons plus petits. Il n'y a pas de mortalité décrite. Akarê est donc une maladie nettement moins violente
que erk-echik mais présente une contagiosité très importante, les éleveurs attribuant également un rôle aux épineux dans cette
transmission. Ce sont ici les animaux entre 6 mois et 2 ans qui sont les plus atteints.
Worsadas : Il s'agit d'un gonflement cutané, chaud et douloureux pouvant se localiser à n'importe quel endroit avec une certaine préférence toutefois pour le cou. Ces gonflements se rompent spontanément libérant du pus créant de nouvelles lésions sur son passage. La transmission entre individus se fait par contact direct avec le pus ou par le biais de vecteurs inanimés (selles, arbres,…). Les lésions ont en outre apparemment une tendance à l'expansion donnant quelquefois lieu au détachement de grands lambeaux de peau. Il s'agit donc d'une pathologie potentiellement grave. La période de plus forte incidence est la fin de la saison des pluies. Un traitement intéressant, rapporté comme efficace, consiste en l'application de latex de Calotropis procera. Page 1/3
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