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Biogéographie évolutive des camélidés (juillet 2002)
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Texte prosposé par François Daval et Emilie Rondot
(Forum Yahoo/goup/chameaux )
La famille des camélidés se divise en deux grands groupes
: les " grands camélidés " (du genre Camelus),
qui sont confinés dans la ceinture désertique et semi-aride
d'Afrique et d'Asie et les " petits camélidés " (des genres
Lama et Vicugna) qui occupent le territoire d'Amérique
andine. Les camélidés ont évolué et se sont
diversifiés en Amérique du Nord à l'Eocène supérieur.
Au Pliocène, lorsqu'un pont se créa entre les deux Amériques,
une population emprunta l'isthme de Panama tandis qu'une autre passait
en Asie par celui de Bering. Aujourd'hui, beaucoup de Camélidés
sont domestiqués : l'Homme exploite leur viande, lait, graisse,
mais aussi leur laine (Lama), et leur capacité à supporter de lourdes
charges.
1. Les camélidés d'Amérique du Sud

Elevage de Mme de Clermont-Tonnerre, Moulins (Allier) France 1995 Photo B. Faye
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Les espèces sud-américaines, très
proches les unes des autres sur le plan génétique (2n=74
chromosomes), sont interfertiles. Les hybrides les plus fréquents
sont des croisements entre lama et alpaga et entre vigogne et alpaga.
Les fertilités entre ces différentes espèces ont
posé le problème des liens de parenté qui pouvaient
exister entre elles. Des études de biologie moléculaire
(Vidal-Rioja et al 1991), montrent la très nette originalité
de la vigogne et l'existence d'un groupe monophylétique composé
du guanaco et du lama. L'alpaga se différencie de ceux-ci uniquement
au niveau des caractéristiques des ADN satellites isolés
par les enzymes de restriction.
Ainsi, il existe deux genres de camélidés sud-américains
: lama (Lama) et vigogne (Vicugna). Le genre Lama
comporte 3 espèces : le lama (L.glama), l'alpaga (L.pacos),
le guanaco (L.guanicoe). Le genre Vicugna est composé
quand à lui d'une seule espèce : la vigogne (V.vicugna).
Dans les Andes, les immigrants constituèrent, tout
près de la limite des neiges éternelles, un nouveau foyer
d'expansion, qui se répandit pratiquement sur tout le sous-continent,
tandis que leurs ancêtres septentrionaux disparaissaient consécutivement
à une glaciation. Par la suite, et très souvent par la faute
de l'Homme, l'aire de distribution des sujets néo-tropicaux se
réduisit essentiellement aux hauts plateaux de la Cordillère.
D'abord chassés, les camélidés sud-américains
ont été domestiqués par les Indiens il y a plus de
4500 ans, comme l'ont prouvé les mises à jour d'ossements de camélidés
auprès d'objets façonnés à cette époque.
Le lama et l'alpaga, en tant que bêtes domestiques, ont une distribution
inégale qui ne permet pas de leur attribuer un habitat optimum.
L'aire du lama, qui couvrait une partie du Paraguay et de l'Equateur ,
s'est réduite progressivement : aujourd'hui, on le rencontre dans
les Andes péruviennes et boliviennes et, à moindre degré,
sur les plateaux chiliens et argentins à des zones d'altitude situées
entre 2300 et 4200 mètres. L'alpaga est plus commun à une altitude
supérieure, entre 4200 et 4800 mètres. On compte aujourd'hui
3 millions d'alpagas et 4 millions de lamas.
Le guanaco, non domestiqué, plus lourd, est plus ubiquiste. On
le trouve aujourd'hui surtout en altitude, jusqu'à 4000 mètres.
Il peuplait jadis une bonne partie des plaines et des steppes du centre
et de l'ouest de l'Amérique du Sud. Krieg pense que cette espèce
peut vivre n'importe où, à condition que l'air soit très
sec. Cette hypothèse fournirait une explication au fait que, sous
les latitudes tropicale et subtropicale, cet animal occupe seulement les
altiplanos andins, très au dessus du niveau de la mer, alors que,
plus au sud, on le rencontre à proximité des côtes,
y compris dans certaines îles proches du continent. On compte aujourd'hui
100 000 têtes.
La vigogne est légère, parfaitement adaptée à
la vie en très haute altitude et à la raréfaction
de l'oxygène. Elle a besoin d'une nourriture particulière,
car elle est l'unique ongulé vivant qui ait, comme les rongeurs,
des incisives inférieures à croissance continue. La vigogne
se tient donc en dessous des neiges éternelles (entre 4800 et 5500
mètres d'altitude), mais au dessus de 3600 mètres. En effet,
plus bas, la végétation touffue l'empêcherait de se
déplacer facilement et lui procurerait une alimentation de qualité
inférieure. L'habitat de l'espèce est donc, par excellence
la puna péruvienne. Jadis, si l'on en croit Simon, la distribution
du plus petit et du plus fin camélidé américain s'étendait
sur plus de 2000 km, du sud de l'Equateur à l'extrême nord
du Chili et au nord-ouest de l'Argentine. L'irruption de l'Homme et de
son bétail dans ces sanctuaires a fait disparaître l'espèce
de l'Equateur et, sans doute aussi, du Chili et de l'Argentine. On ne
la retrouve plus qu'au Pérou et en Bolivie mais ses effectifs diminuent
d'une année sur l'autre (75 000 individus).
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