De l’homme au robot, l’histoire des jockeys chameliers
(juin 2012)

Jusqu’en 2005, les courses de dromadaires (une activité culturelle très appréciée dans les pays du Golfe) impliquaient des jeunes jockeys, des enfants entre 4 et 8 ans, le plus souvent en provenance d’Asie du Sud (Pakistan, Inde, Bangla-Desh). Si leur poids léger était un atout pour les performances sportives, les conditions de vie de ces jeunes jockeys étaient parfois dramatiques, les propriétaires s’intéressant plus à leurs coursiers qu’à ceux qui les montaient. Les accidents, parfois mortels, n’étaient pas rares et nombre d’enfants pouvaient se retrouver estropiés pour la vie. Ce pourquoi les gouvernements du Golfe, soucieux des critiques internationales, ont interdit l’utilisation de jockeys de moins de 18 ans.

© B. Faye
Enfant-jockey à l’entraînement aux Émirats Arabes Unis, 2004.
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Aussi, l’alternative pour alléger le poids du chamelier, était le robot-jockey. Une entreprise Suisse (K-Team) s’est lancée dans l’aventure technologique (avec l’appui scientifique du CIRAD) pour proposer un robot plus vrai que nature, obéissant à distance pour cravacher à dessein l’animal, guider la course, voire encourager l’animal par la voix.

© K-team
Le prototype de robot-Jockey proposée par
une entreprise de robotique de Suisse.
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Cependant, l’inconvénient de ce robot sophistiqué était son coût, finalement bien plus élevé que l’entretien d’un enfant du Tiers-monde... Aussi, une entreprise chinoise a proposé un modèle d’une grande simplicité, constitué d’une boîte légère et d’un bras mécanique articulé muni d’une cravache, obéissant à une simple impulsion sur un boîtier à la manière de nos portails de garage automatique. Ce «robot » (plutôt un automate d’ailleurs qu’un véritable robot) a connu un vif succès et aujourd’hui les dromadaires de course se sont accommodés de ce chamelier métallique, léger, peu regardant sur sa frappe et ne risquant au pire qu’une batterie à plat.

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© B. Faye
Le "robot-jockey" made in China
avec son bras mécanique simple (ici en Arabie Saoudite)
© B. Faye

Pourtant, récemment, des fraudes ont été dénoncées, certains fabricants proposant des appareils capables d’envoyer des impulsions électriques stimulant la course, ce qui s’apparente à du dopage. Avec la fin bienvenue des enfants-jockeys et l’avènement du robot-jockey, on pensait entrer dans l’ère des courses moralement propres, mais l’homme a tout autant d’imagination pour détourner les règles morales que pour les respecter.

 

 


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