Un animal à préserver : le chameau de Mongolie
(octobre 2005)

Chameau de Mongolie
(Photo G. Laval)

La Mongolie est un pays marqué par un climat continental et semi-aride, la pluviométrie variant de 400 à moins de 50 mm du nord au sud. Le désert de Gobi se situe à la frontière avec la Chine dans la partie où la pluviométrie est inférieure à 100 mm par an. En fait, cette zone désertique et semi-désertique est une mosaïque de zones de dépressions situées entre des chaînes montagneuses à la pluviométrie un peu plus favorable. Ces zones de dépressions arides appelées Gobi sont peu peuplées (l'extrême sud du pays est même totalement vide d'habitants) et ne sont valorisables que par une activité d'élevage hyper-extensif où prédominent le chameau de Bactriane et les petits ruminants. Ces zones ont largement subi les effets du dzud (hiver anormalement rigoureux avec une neige abondante) du début des années 2000 et la population animale a fortement décru à cette occasion (entre 20 et 75% selon les zones), entraînant un exode rural dans des zones déjà fortement handicapées par la faible densité humaine, la Mongolie étant l'un des pays les moins peuplés du monde (2,5 millions d'habitants pour un territoire grand comme trois fois la France).

Les effectifs de chameau de Bactriane ont fortement décru comme toutes les autres espèces à l'occasion de ces évènements climatiques, même si relativement le chameau a mieux résisté (cf. graphique montrant la chute relative des effectifs du bétail à partir de l'indice 100 en 1999).

Graph

Ainsi, le nombre de têtes de chameau est passé de 322 000 à 253 000 têtes entre 1999 et 2002, année où le dzud a été particulièrement rigoureux. La remontée de ces effectifs est assez lente, d'une part du fait du cycle reproductif lent de l'espèce, d'autre part du fait que pour compenser les pertes considérables chez les autres espèces (en particulier bovins et chevaux), les éleveurs surexploitent les chameaux (vente pour la viande), seuls moyens pour disposer de liquidités.
Or le chameau du Gobi est réputé mondialement pour la finesse de sa toison laineuse dont on fait un cachemire de grande qualité. On trouve dans les boutiques d'Oulan-bator, la capitale de la Mongolie, des magasins spécialisés dans la vente de cachemire de chameau (notamment la marque Gobi). Les animaux ont été sélectionnés sur la qualité des fibres et on distingue 3 types en fonction de la couleur et de la finesse de la toison : les type Galbün Gobi, le plus commun, à la toison de couleur marron, le type Jokhom Jungalag, plus rare, à la toison abondante d'une grande finesse, le type Khanün khets plus massif et à la toison marron claire de qualité recherchée.

Type Galbün Gobi
Type Galbün Gobi
(Photo G. Laval)
Type Jokhom Jungalag
Type Jokhom Jungalag
(Photo G. Laval)
Type Khanün khets
Type Khanün khets
(Photo G. Laval)

Le chameau du Gobi est doué d'une capacité remarquable de résistance au froid et à la neige, ce qui explique d'ailleurs l'abondance et la qualité de sa toison. On tond l'animal en avril-mai. Il est possible de récupérer de 5 à 10 kg de laine sur un animal. Des records de 15 kg sont cités sur les mâles.
Traite des chamelles dans le désert de Gobi
Traite des chamelles dans le désert de Gobi
(Photo G. Laval)
En revanche, les qualités laitières de cet animal sont médiocres et les femmes tirent difficilement plus d'un litre par jour après que le chamelon ait bu. Le lait de chamelle, comme dans le reste de l'Asie Centrale est consommé sous forme fermentée (Airak). On trouve aussi dans le commerce une composition obtenue à partir d'un mélange de 3 litres de lait frais de chamelle, 1 litre de lait fermenté et du beurre appelé ormok. La déshydratation de ce lait fermenté permet d'obtenir des sortes de fromage (aruul) moulés pour obtenir des formes diverses (rosaces le plus souvent) de petite taille et présentés systématiquement par les éleveurs aux hôtes de passage dans les yourtes.

Le chameau du Gobi est aussi utilisé comme animal de bât lors des déménagements saisonniers des yourtes. Même les éleveurs non spécialisés comme les éleveurs de petits ruminants, de bovins ou de chevaux ont souvent quelques chameaux pour transporter les effets de la famille et les éléments de la yourte.

Actuellement, il existe un certain engouement pour les courses de chameaux avec pari. Les courses organisées dans les différentes provinces du pays (aimags) donnent lieu à des compétitions effrénées entre les différents participants. Il existe aussi un jeu de polo à dos de chameau à la grande satisfaction des touristes.

Le désert de Gobi
Le désert de Gobi et le saxaoul
(Photo G. Laval)

Comme la plupart des chameaux d'Asie Centrale, le chameau du Gobi survit en se contentant de plantes de maigre valeur alimentaire qu'il valorise de façon exceptionnelle. Citons parmi celles-ci l'armoise (Artemisia desertorum), une phragmite (Phragmites communis) et le saxoul (Haloxylon ammodendron). Il en consomme de grandes quantités à la bonne saison et accumule du gras dans ses deux bosses pour passer sans trop souffrir les longs mois d'hiver. Comme tous les animaux adaptés à la région (yak, chèvre cashmere, mouton à queue grasse), il a la capacité à s'engraisser très rapidement pour compenser le déstockage des réserves de graisse pendant la mauvaise saison.

Enfin notons que c'est dans la partie la plus marginalisée du désert qu'on trouve le chameau sauvage de Tartarie, reconnu depuis peu comme une espèce sensiblement différente de l'espèce domestique du Bactriane et baptisé de ce fait Camelus ferus.

La carte suivante donne une idée de la répartition spatiale des effectifs de chameaux en Mongolie (population par aimag - équivalent à province).


Répartition spatiale des populations de chameaux en Mongolie

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