Anatomie interne du dromadaire

les cartes du monde du chameau

Problématiques

Réalisations, projets

Thèses

Réseaux

La maladie du kraft en Tunisie
(juin 2007)

Depuis de très nombreuses années, une maladie connue sous le nom de maladie du kraft, a été décrite quasi uniquement en Tunisie. Cette maladie semble n’affecter que les dromadaires et sévit dans le sud-tunisien. Elle se traduit par des changements dans l’état général, des troubles du comportement alimentaire (pica), une fonte de la bosse, des boiteries et des troubles articulaires et finalement par des déformations des os, visibles notamment sur les côtes. Lorsque l’animal refuse de se relever, une surinfection bactérienne sur les plaies de décubitus (position accroupie permanente) peut entraîner la mort. Cette maladie représente un réel problème économique pour les éleveurs chameliers puisque près de 5 % des animaux peuvent être atteints dans certains troupeaux, les transformant en des non-valeurs zootechniques.

Une récente étude épidémiologique a pu en déterminer les causes favorisantes (travaux du Dr Seddik Mabrouk de l’Institut des Régions arides de Médenine). La maladie affecte surtout les femelles de plus de deux ans avec une accentuation autour de la mise bas. Les troubles se répètent d’année en année et toujours à la même saison vers la fin de l’hiver et au printemps. La prévalence varie selon les régions. Quatre zones ont été étudiées (El Fje, Dhahar, Benguerdane et Tataouine). Il apparaît que la zone de Dhahar est la plus affectée par cette maladie en particulier en hiver. Dans cette zone, les sols sont calcaires et les animaux ont l’habitude d’y transhumer en hiver. A noter que les troupeaux qui n’y transhument pas en hiver ne sont pas affectés par la maladie.

L’analyse de la composition minérale des plantes présentes sur les parcours du Dhahar montre une exceptionnelle richesse en calcium comparée au phosphore avec un rapport Ca/P extrêmement déséquilibré (en moyenne près de 80/1) comme l’indique le tableau 1.

Espèces	MM	Na	Ca	P	Ca/P
Savigna parviflora	14,38	1,22	2,14	0,072	29,40
Anthyllis sericea	6,06	0,14	1,75	0,018	93,5
Arthrophytum schmittianum	16,20	0,91	5,22	0,027	201,6
Euphorbia guyoniana	26,75	1,25	4,65	0,052	88,2
Fagonia glutinosa	13,34	0,18	1,83	0,050	36,1
Gymnocarpos decander	12,70	0,35	4,96	0,023	231,9
Helianthemum kahiricum	3,18	0,10	0,88	0,030	28,8
Helianthemum semiglabrum	6,98	0,18	1,83	0,033	60,6
Rhanterium suavealens	4,87	0,19	1,63	0,028	57,1
Stipagrostis pungens	6,93	0,14	0,64	0,026	24,2
Retama raetam	2,96	0,18	0,92	0,060	15,8
Moyenne	10,39	0,44	2,40	0,038	78,8

Tableau 1. Teneurs en minéraux dans les principales plantes consommées par les dromadaires sur les parcours du Sud-Tunisien

Du reste, les analyses de sang sur les animaux présents sur le Dhahar montrent une hypophosphatémie marquée comparée aux animaux de la région d’Ouara Tataouine et une calcémie élevée dans tous les cas (tableau 2).

Ca	(mmol/l)	Ouara T	4,993 (1,43)
Ca	(mmol/l)	Dhahar	4,903 (1,73)

P	(mmol/l)	Ouara T	0,53 (0,24)
P	(mmol/l)	Dhahar	0,24 (0,13)

Tableau 2. Calcémie et phosphatémie moyenne (et écart-type) chez les animaux des régions du Dhahar et de Tataouine

La comparaison des animaux malades aux animaux sains confirme le rôle du déséquilibre phosphocalcique pour expliquer les causes de cette maladie (tableau 3).

Ca	(mmol/l)	Sains	2,51 (0,65)
Ca	(mmol/l)	Malades	6,07 (0,97)

P	(mmol/l)	Sains	2,09 (0,67)
P	(mmol/l)	Malades	1,00 (0,16)

Tableau 3. Calcémie et phosphatémie moyenne (et écart-type) chez les animaux sains et malades

La maladie du kraft est donc associée à une hypercalcémie et une hypophosphatémie mais les mécanismes de régulation sont encore mal élucidés et doivent faire l’objet d’un travail de thèse.

Photo 1. Amaigrissement et fonte de la bosse (photo : Dr. Mabrouk)	Photo2. Pica (ostéophagie) (photo : Dr. Mabrouk)
Photo 3. Lésions articulaires douloureuses (photo : Dr. Mabrouk)	Photo 4. Déformations osseuses costales (photo : Dr. Mabrouk)

La maladie du kraft en Tunisie (juin 2007)

La maladie du kraft en Tunisie
(juin 2007)