Le Dromadaire des Iles Canaries :
les seuls camélidés d'Europe
(février 2006)

L'aire de répartition du dromadaire (hors implantation de circonstance dans les cirques et les parcs animaliers et hors-Australie) comprend tout un ensemble de pays désertiques ou semi-arides depuis la Mauritanie à l'ouest, le Rajasthan indien à l'est, le Turkménistan au nord et le Kenya au sud. Ces 4 pays représentent un peu les points cardinaux de l'espèce dromadaire sur les continents africains et asiatiques.
Et pourtant, le dromadaire européen existe. Les Iles Canaries, au large de la côte marocaine, sont des îles volcaniques appartenant à l'Espagne et à ce titre relevant de l'Union Européenne. Depuis le XVème siècle, y vivent environ 2000 dromadaires dont l'origine est le Sahara Occidental tout proche. Plus précisément, les premiers dromadaires seraient arrivés aux canaries en 1405 par l'entremise d'un propriétaire terrien français venant de Normandie. Sélectionnés in situ depuis cette époque, les dromadaires canariens ont évolué vers une race locale spécifique appelée Majorero, bien que des importations plus récentes et des métissages fréquents aient quelque peu complexifié la génétique locale.
Les spécimens les plus purs seraient sur l’île très désertique de Fuerteventura. On en trouvera ci-dessous un couple très caractéristique.

Une femelle Majorero
Une femelle Majorero (Photo Ursula Schulz)
Un mâle Majorero
Un mâle Majorero (Photo Ursula Schulz)

C'est un animal robuste, plutôt destiné à la monte sellée, mais l'utilisation à des fins alimentaires (lait et viande) n'est pas développée du tout. L'environnement désertique des 7 îles qui composent l'archipel des Canaries est plutôt favorable à l'espèce et si dans le passé, le dromadaire était un auxiliaire des agriculteurs espagnols migrants (la population autochtone des Guanches ayant été décimée), il n'est plus aujourd'hui qu'un argument publicitaire pour le tourisme local.

Un mâle Majorero
Une " caravane " de touristes dans l'île Gran Canarias
(Photo B. Faye)
Un mâle Majorero
Les dunes de Gran Canarias : un avant-goût de Sahara
(Photo B. Faye)

Toutefois, la situation géopolitique des Iles canaries, par leur appartenance à l'Union Européenne, confère à cet archipel une place de choix pour l'exportation d'animaux vivants vers les autres pays d'Europe dans la mesure où les échanges commerciaux d'animaux vivants avec les pays du Maghreb ou d'Afrique Noire sont quasiment rendus impossibles du fait des barrières sanitaires. Du reste, il existe des élevages sur l'archipel qui se consacrent en bonne partie à l'exportation de dromadaires.

Un mâle Majorero
(Photo B. Faye)

La faculté vétérinaire de Las Palmas participe activement au suivi des élevages de dromadaires des îles principales (la population caméline occupe surtout les îles de Fuerteventura, Lanzarotte, Gran Canarias et Teneriffe). Des travaux ont été publiés sur la carence en sélénium, sur les maladies comme la pseudotuberculose, la trypanosomose et quelques maladies métaboliques qui représentent les principales contraintes sanitaires du cheptel camélin de l'archipel.

Nos remerciements à Ursula Schulz, vétérinaire à Fuerteventura, qui nous a aimablement passé les photos des dromadaires Elke et Manolo, les dromadaires Majorero.

 


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